
Sous la dalle
Distribution : Pollen
https://pollen-diffusion.com/
Bruit Gris
de Gilles Amalvi
Parution le 9 décembre 2025

Bruit gris est le résultat d'une recherche fictionnelle qui s'est solidifiée sous la forme d'un poème : un texte hybride qui a dévoré le récit, en a fait fondre la structure pour révéler le squelette d’un réel au bord de l’explosion.
Dans un dérèglement du monde à bas régime, il y a des faits tangibles et des notes fantômes. La dette grecque et la crise des subprimes, les algorithmes à haute fréquence et la neige des écrans de télévision ; l’affaire dite de « Tarnac » et la violence d’état, l’émergence des GAFA et le modelage silencieux des existences. Des aiguilles qui s’affolent et des voix qui se taisent. Montage obligé, comme l’expliquait déjà Serge Daney dans les années 80. Obligation de coller pêle-mêle des faits, des images – des gifs grimaçant et des symboles historiques – afin d’extraire quelques signes pouvant servir de carte ou de boussole.
Bruit gris formule, en creux, une théorie de l’événement (ou de son déclenchement), comme un sismographe mesurant la taille des fissures jusqu’au moment où ça lâche. Où la terre tremble. Où le corps s’effondre. Où l’ordre du discours implose.
Si L’insurrection qui vient est un texte politique, Bruit gris s’est écrit dans ses plis, comme son négatif : la formulation poétique d’un sous-texte chuchotant ses impasses, ses impensés – lorsque l’événement explose, que le détonateur est déclenché... Tentative de formulation d’un collectif-zombie, d’une entité agissante et insaisissable – revisitant les spectres du situationnisme et du simulacre.
A la fin que reste-t-il ? Une mélodie qui grésille sur un haut-parleur au fond d’une galerie commerciale ? Une
radio mal réglée, qui diffuse des nouvelles du futur ? Un manifeste révolutionnaire lu à l’envers ? Bruit gris est son égalisation : l’interprétation de certaines ondes, la diminution ou la soustraction d’autres fréquences.